Ma première pleine journée en choo-choo… Premier constat : l’Ontario, c’est gros. C’est loin longtemps. Quand on passe 24 h en train et qu’on est toujours dans sa province d’origine, c’est impressionnant (les Européens que j’ai croisés dans le train capotent!) Deuxième constat : je fais baisser la moyenne d’âge à bord du train par au moins deux décennies… c’est bon pour mon estime de soi! Pourtant, plus on roule, plus j’ai l’impression que ce trajet devrait faire partie du curriculum du secondaire pour tous les élèves du Canada… comme c’est le cas pour le Camino, en Espagne… on gagnerait à mieux connaître notre pays, et toute sa diversité. Troisième constat : J’aime les trains depuis toujours (une de mes premières chansons portait sur un vieillard qui cherchait à retrouver sa jeunesse grâce aux trains…) mais il y a des gens qui sont passionnés des trains!

Dans le char d’observation, je jase avec un monsieur qui a fait ce voyage pancanadien à au moins 40 reprises, et qui vient de terminer son 20e voyage en train jusqu’à Churchill, pour y voir les ours polaires! Un autre monsieur qui est une encyclopédie vivante de l’histoire du chemin de fer au Canada. (Il n’arrête pas de raconter l’histoire de CN et de CP, pendant 6 heures de temps!

Je passe ma soirée à suivre le dénouement de la journée… la brunante, le coucher du soleil, la levée des étoiles… genre de chose que je prenais pour acquis en grandissant, qui permet de renouer avec le cycle naturel de la vie, et que je ne prends plus jamais le temps de faire… Ça fait du bien.

Quelques photos prises entre Longlac, Nikina, Poilu et Sioux Lookout… Y a des lacs partout! Prochaine étape, je me réveille à Winnipeg! Petit déjeuner aux Fourches! Amis du Manitoba, on se donne rendez-vous où???!

Le train qui m’apportera jusqu’en Alberta se fait attendre. Nous finissons par embarquer peu après minuit. Je m’installe dans la petite cabine qui sera mon bureau, et ma chambre à coucher pour les trois prochains jours, après à changer ma chaise en lit (c’est comme un Transformer énorme et étonnement confortable) puis je pars à la découverte du train. Toilettes, douches, lounge, char d’observation. Je prends place avec une poignée de couche-tard dans ce wagon muni d’un dôme de vitre… drôlement divertissant, même au plein milieu de la nuit, puisqu’il nous permet de pleinement profiter de la Tour CN illuminée, et des lumières de Toronto qui nous entourent.

Je trouve mon lit vers 2h30… un lit vraiment douillet et je prends rapidement l’habitude de dormir tout en roulant dans la nuit. Vers 7h, j’entends l’équipage qui se déplace et les lève-tôt qui se dirigent (alors que je reste bien emmitouflé dans mon lit-nid) vers le wagon de restauration pour déjeuner. Plus tard, je m’amuse à jaser avec un couple de retraités britanniques qui m’offrent leurs conseils pour mieux traverser la Malaysie en train (ce que je compte faire dans quelques semaines) et qui sont allé un peu plus loin (en bateau parait-il) au cœur de la Patagonie que moi… Ils m’endurent pendant que je me remémore une traversée du désert Argentin qui devait durer 2h, et qui en a duré 15… de doux souvenirs! Parmi les découvertes de cette première nuit-journée à traverser le pays : comment soulever son lit de sorte à pouvoir accéder à la toilette au plein milieu de la nuit, sans tomber dans le couloir; comment; comment prendre une douche pendant que le conducteur s’amuse à ziger, zager puis freiner, là encore sans tomber dans le couloir; comment siroter un thé dans le wagon d’observation sans le renverser sur mon t-shirt Totorro préféré…

Je prends plaisir à revoir les forêts du nord de l’Ontario sous un autre angle… une belle première journée en amont de la tournée Chemin chez nous. Amis de l’Ouest, m’en viens!

Je suis vraiment très heureux de partir en tournée dans le réseau Home routes – Chemin chez nous en Saskatchewan et en Alberta, dès le début avril! Merci d’avance à tous ceux et toutes celles qui m’accueilleront sur mon passage!!

Plus de deux ans après le lancement de mon dernier album, il me semble que cette tournée – on ne peut plus intime – sera une belle façon de boucler l’aventure Le temps d’être heureux.

Ado, j’ai eu la piqure de la musique en assistant à des spectacles intimes dans le club folk à Midland, là où j’ai grandi. En l’espace de 4 ans, alors que j’apprenais moi-même à gratter de la guitare et que j’écrivais mes toutes premières chansons, j’ai assisté à des spectacles de Robert Paquette, James Keelaghan, Don Ross, Fred Eaglesmith et Stephen Fearing… Autant de vrais troubadours, qui partaient sur les routes du Canada raconter leurs histoires en chanson. Ils avaient leur guitare, et plein de choses à dire. Ce fut une période déterminante pour moi, alors chansonnier en herbe. Bien heureux donc de partir pour cette tournée solo, à la rencontre de mes cousins de l’Ouest canadien.

À bientôt, et merci de m’inviter chez vous!